Pour aller un peu plus loin que l’habituelle balade quotidienne, pourquoi ne pas envisager la randonnée ? Ici, le domaine n’étant pas très étudié pour l’amazone, il va falloir s’inspirer des techniques du voyage à cheval et les adapter à la monte dans les fourches. Il faudra d’abord faire un choix : soit on part avec intendance, soi on part en autonomie. Et en autonomie, on peut encore choisir de prendre ou non un cheval de bât. Pour ce qui me concerne, j’ai déjà pratiqué les différentes formules, mais ce que je préfère, c’est l’autonomie avec un cheval de bât. L’impression de liberté est totale.

En autonomie, sans cheval de bât : quelques photos sont beaucoup plus parlantes qu'un long discours. Il faut arriver à mettre l’indispensable dans 4 sacoches d’une contenance de 4 à 8 litres. Une chance : l’amazone peut répartir plus de sacoches autour de sa selle qu’en monte à califourchon, mais l’arme est à double tranchant. L’objectif n’est pas de transformer notre monture préférée en mulet : 60 kg d’amazone, 10 kg de selle et encore 15 kg de paquetage, ça fait beaucoup à porter…
Ma selle d'amazone a été équipée de 5 anneaux à l'arrière, ainsi que d'un renfort aux 2 anneaux du collier de chasse. Ces anneaux sont en laiton, car au contact des mousquetons, d'autres anneaux ont montré des signes d'usure. J'ai imaginé et constitué cet équipement moi-même car il n'existe rien de prévu pour la monte dans les fourches, et l'ai testé entre autres dans le Haut Jura, pendant 3 semaines. Et il est en nylon traité, pas en cuir. Encore une fois, question de poids, et aussi de facilités pour les travaux de transformation : en effet, je ne travaille pas le cuir.Derrière la selle : le paquetage classique de cavalier, mais posé plus loin sur le dos du cheval, alors que normalement, il se positionne sur la jupe de la selle. Attention, pas sous la selle : il faut que la colonne vertébrale du cheval reste libre, autant que possible. Ce paquetage est composé de 2 sacoches latérales et d'un sac central contenant mon sac de couchage, qui est dans un sac poubelle plastique, à l'abri des coups et de l'humidité…

La selle et les sacoches côté droit

Côté droit : d'arrière en avant, on voit la sacoche latérale droite du gros paquetage de derrière, et 2 sacoches supplémentaires. Ces deux sacoches sont reliées par un même panneau, et s'accrochent à l'arrière de la selle, et à l'anneau du collier de chasse devant. J'y ai ajouté des lanières me permettant d'y accrocher un vêtement ou autre chose. Devant, on voit la fonte droite, bien remplie, surmontée du petit étui de l'appareil photo. Au départ, il s'agissait de 2 fontes classiques. Il y a toujours 2 fontes, mais l'une, la gauche, a perdu toute son épaisseur, pour se glisser sous le garde-jambe, attachée à l'anneau du collier de chasse avant gauche. Elle contient uniquement mes papiers, et est toute plate. Qui irait chercher mes papiers ou mon argent sous mes jupes ?

La selle et les sacoches côté gauche

Côté gauche : d'arrière en avant, on retrouve la sacoche arrière de paquetage. Le long de cette sacoche, j'ai coutume de pendre, juste derrière la jambe, une mince banane qui contient mon matelas pneumatique, pièce très lourde mais indispensable à mon confort. A cela j'ajoute souvent une longe d'environ 8 mètres : ça peut toujours servir, ainsi qu'une sangle. Il y a aussi les latigos (les lacets, c'est moins savant et plus commun), indispensables pour tout, et un stock de petits mousquetons en laiton , pour accrocher tout et n'importe quoi…Tout ce matériel est équilibré au gramme prêt. C'est important. Un cheval qui s'en tire avec une petite plaque sans poils au bout de 3 jours de randonnée ne fera pas un long voyage si on n'y prend garde. Je précise que mon cheval a été vu par un ostéopathe avant et après chaque voyage, et que celui-ci n'a décelé aucune différence de masse musculaire entre la gauche et la droite, preuve s'il en est que le développement musculaire a été harmonieux « malgré » la monte dans les fourches.

Que prendre ? Tout d’abord l’indispensable des chevaux : trousse de maréchalerie (avec éventuellement fers de secours), trousse vétérinaire, matériel de pansage et répulsifs efficaces. Pour l’amazone, chaussures de rechange, style mocassins. Ces chaussures sont destinées à être portées quand on est pas à cheval, mais doivent être pratiques, imperméables, ne pas prendre de place et tenir aux pieds. Quelques vêtements indispensables : sous-vêtements de rechange facilement lavables, sans lésiner sur la qualité. Chaussettes en coton pour éviter l’échauffement. Quelques T-shirts et chemises qui ne doivent pas être repassés. Un pantalon civil et un pantalon de cheval. L’indispensable tablier, bien sûr. Si on monte en hiver, le bon vieux collant sous le pantalon a fait ses preuves. Et surtout on pratique la technique de l’oignon : pas besoin d’un gros pull bien encombrant : 2 pulls fins tiendront au total plus chaud et surtout prendront moins de place. Une matière extraordinaire : le polar.

Tout ce matériel sera mis dans des sachets individuels de congélation grand format « avec zip ». Ce système est le seul qui protège efficacement de l’humidité (excusez-moi, je randonne en Belgique principalement!) Commence alors l’étape de répartition, à partir du pesage, étape indispensable. Quelques règles : tout ce qui va côté «cheval » des sacoches doit être plat (pour amortir et protéger) ; tout ce qui est lourd va dans le bas des sacoches (pour éviter le balant) ; on n’emploie pas de velcros ni d’élastiques (ça ne résiste pas), mais des lanières d’éperons ou des latigos pour fixer le supplément ; et on équilibre le tout sur le cheval, en répartissant le poids de manière égale de chaque côté. Comment s’habiller ? On oublie l’élégance, et on reste pratique : un tablier de vénerie sur un pantalon d’équitation, des bottines de rando à semelle crantée, des mini-chaps bien ajustés mais pas trop hauts. Pratique : un gilet sans manches (avec beaucoup de poches), sur T-shirt ou chemise. Par dessus tout ça : un couvre-chef. Dans mon cas, c’est un chapeau australien en cuir, ultra-léger, avec une partie de la coiffe en treillis pour aérer.

Le cheval de bât

Le cheval de bât offre un confort incomparable, et une autonomie certaine : on peut se permettre quelques extras : vêtements de rechange, couchage plus confortable, bivouac complet, … Tenir un cheval en dextre en amazone n’est pas plus compliqué qu’à califourchon. C’est comme pour beaucoup de choses, une question d’apprentissage et d’éducation. Mon cheval de bât personnel ne répond à aucun des critères habituellement recommandés (petit, trapu, le pied sûr). En effet, il mesure 1.80 au garrot (gare aux branches basses), ce qui ne facilite pas son chargement , mais son caractère en or fait que je refuse de partir sans lui ! Il faut l’habituer à marcher aux côtés du cheval monté, légèrement en arrière et toujours à droite (question de sécurité), sans tirer sur sa longe. Un gant en cuir est d’ailleurs chaudement recommandé pour tenir la-dite longe. S’il fait très chaud, une mitaine de cycliste renforcée convient très bien ! Le cheval monté doit avoir bon caractère, être habitué à être monté à une seule main et si possible sans cravache, rien qu’à l’assiette. Il devient en effet bien compliqué de manipuler et la cravache et la longe… Quant au bât, il peut être constitué soit d’un bât traditionnel, soit d’une selle d’armes aménagée. Et les règles de répartition des charges restent les mêmes que pour les sacoches…