Comme en équitation classique, la première chose à faire est d’appliquer le principe « A vieux cavalier, jeune cheval et à jeune cavalier, vieux cheval ». Donc la première chose à faire serait logiquement d’apprendre les rudiments de la monte en amazone avant de vouloir les enseigner à votre cheval.

Pour que la mise dans les fourches de votre cheval se passe dans les meilleures conditions possibles, il faut respecter quelques règles de sécurité, mais il n’est absolument pas nécessaire d’avoir un cheval mis en haute école ou spécialement dressé de manière avancée.

Petite remarque : on évitera de mettre en amazone un cheval trop jeune. Avant 6 ou 7 ans, le cheval n’a pas terminé sa croissance et n’a pas sa maturité musculaire : avoir le poids d’une amazone en arrière de son dos pourrait hypothéquer son avenir.

Tout bon cheval raisonnablement éduqué peut être mis dans les fourches, si tant est qu’il ait un bon dos (un bon caractère ne gâche rien…). Une éducation de base est en principe requise : les trois allures aux deux mains et à l’aise, en restant aux ordres et en équilibre, ainsi que l’immobilité au montoir (c’est important, car une amazone monte rarement sans montoir).

Petit détail important : il n’aura pas peur de la cravache, ou y sera désensibilisé. Comment ? En montant régulièrement avec une badine, en accrochant des cravaches dans son boxe, en vous inspirant des exercices de Mr Parelli avec son carott stick, etc… Tous les moyens sont bons ! Il est important que le cheval associe la cravache à une aide, et non à une punition.

Désensibilisation à la cravache
A titre anecdotique, j’ai déjà rencontré des chevaux de chasse, extrêmement bien mis, qui avaient été débourré directement en amazone, et non à califourchon. Le pourquoi en était simple : ils étaient immontables en monte classique, ne supportant pas le contact constant des jambes. En amazone, ce problème ne se posant pas, ils acceptaient le poids de la cavalière sans autre difficulté, et leurs quelques « fantaisies » d’humeur étaient vites jugulées, la tenue de l’amazone en selle lui permettant d’encaisser ces quelques défenses assez facilement.

Tout ce processus d’éducation se déroulera dans un lieu clos : manège, piste ou enclos, comme pour un débourrage classique. La première chose à faire pour mettre le cheval à l’amazone est de le longer sellé avec la selle d’amazone, en serrant la balancine progressivement. Le cheval va ainsi sentir cette sangle supplémentaire à un endroit différent et en général il s’y habituera rapidement. La séance de longe durera une vingtaine de minutes, aux 3 allures et aux 2 mains, et le cheval sera travaillé tête en bas, pour étirer sa ligne du dessus.

Pour commencer une petite séance de longe

Ensuite, l’amazone confirmée sera mise en selle en douceur sur le cheval, à califourchon pour commencer (oui, c’est très inconfortable !).. Elle montera en pantalon : la jupe ne sera mise que plus tard : une chose à la fois ! Elle prendra soin de s’asseoir non pas à l’avant, mais à l’arrière de la selle, là ou son poids portera quand elle sera dans les fourches. Pour cette mise en selle, un aide qui prendra le cheval en longe ou à la main sera le bienvenu.

L'amazone se met en selle, le cheval tenu par une aide.

L’amazone passera ensuite délicatement sa jambe par-dessus l’encolure pour se positionner correctement en selle. Elle jouera doucement des hanches (ça fait un peu bouger la selle), pour habituer le cheval à sentir le poids se répartir différemment sur son dos. Elle se fera ainsi promener pendant un ou deux tours de piste, de manière tout à fait détendue.

L'amazone se met en place doucement

Enfin, doucement, elle prendra les rênes, la cravache, et guidera son cheval elle-même. Pour cette dernière phase, elle peut encore se faire accompagner à pied par un aidant en qui le cheval a confiance pendant un ou deux tours de piste.

Les premiers tours en selle
Et voici notre amazone indépendante sur son cheval. L’amazone ne restera en selle qu’une vingtaine de minutes : son poids se donnant plus en arrière que le poids d’une cavalière, ceci peut provoquer quelques courbatures au dos du cheval. Si le cheval conserve un mauvais souvenir (douloureux) de sa mise dans les fourches, ça peut être dommageable pour ses progrès futurs. Beaucoup de pas, pour décontracter le cheval, et quelques tours au trot, à chaque main, suffiront amplement.

Dès les premiers tours de piste, l’amazone appliquera délicatement sa cravache tout comme une jambe, et le cheval découvrira ainsi les codes de cette nouvelle aide, au fur et à mesure des exercices. On commencera par de larges changements de mains par doublers ou diagonales, puis on en viendra aux cercles, aux huit-de-chiffres, aux voltes, demi-voltes, demi-voltes renversées et contre-changements de mains. Ces exercices seront effectués d’abord côté « jambe », ensuite côté « cravache », mains basses, comme pour un débourrage.

Cercle à droite, badine au contact
Comment utiliser la cravache ? On répertorie classiquement 3 effets de cravache : l’effleurement, les tapotements et le claquement sec. On commencera donc une demande par la voix accompagnée de l’effleurement. Si l’ordre n’a pas été compris, on le redemandera par des tapotements. Si le cheval résiste, un claquement sec suivra. « Demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup », et surtout se remettre en question sans cesse. Si le cheval n’exécute pas la demande, c’est au cavalier à se poser la question de la clarté de sa demande, et pas à en rejeter la faute au cheval.

Au moment de désseller l’animal, un petit massage sera le bienvenu, accompagné d’un examen très attentif du dos : un frottement trop près du garrot, un tapis mal dégarrotté laisseraient vite un souvenir désagréable au cheval… tout comme à califourchon.

Un massage en fin de séance est toujours bénéfique

La seconde séance ressemblera à la première, mais les différentes étapes seront plus vite franchies, et l’on pourra déjà envisager le galop : un tour à main gauche pour commencer par les aides classiques, et un tour à main droite, à l’aide de la cravache. Ici se situe un des premiers écueils de la monte en amazone : comment remplacer l’aide de la jambe placée en arrière au galop à droite par la cravache, le tout sans (trop) influencer la bouche du cheval. Il existe plusieurs écoles, et rien ne vous interdit de faire la votre. La plus commune consiste à encadrer le cheval avec la cravache comme avec une jambe, main très écartée pour « enrober » le cheval. Nous reviendrons en détail sur les différentes méthodes pour la prise du galop à gauche dans un prochain article, en rubrique « dressage ».

Premiers tours de galop

La touche finale : le port de la jupe. Si le cheval a l’habitude de porter des couvertures, il ne sera pas autrement surpris par un bout de tissus qui flotte à son flanc. Si ce n’est pas le cas, on pourra l’habituer au port d’amples vêtements comme imperméables, grandes vestes au préalable : comme pour la cravache, le principe de désensibilisation est le même. Et la jupe deviendra rapidement aussi naturelle que le reste de la tenue. Si on en a la possibilité, on peut commencer par porter un tablier plutôt qu’une jupe, celui-ci n’ayant aucunes velléités d’envol.

Le port du tablier ou de la jupe ne s'envisagera qu'aprés quelques séances
Sinon, comme pour le reste, tout est question d’habituation dans le calme et dans un lieu que le cheval connaît comme un lieu rassurant, en compagnie de personnes en qui il a confiance. Mieux vaut donc ne pas commencer par le monter avec une tenue historique à multiples volants et par grand vent dans un cortège folklorique !

Les quelques séances qui vont suivre seront de plus en plus longues, sans toutefois excéder la demi-heure. Au bout d’une semaine de travail quotidien, le cheval pourra sans dommage faire une reprise en amazone comme à califourchon. Quelques semaines suffiront à l’amener en amazone au niveau de dressage qu’il a acquis à califourchon. Et le travail du dos du cheval s’envisagera exactement de la même façon.

Merci à Bernadette et Arne pour leur participation aux photos.