Le moins qu’on puisse en dire, c’est que la préparation fut pleine de surprises… Ysbrand sur le billard pour un entrapement néphro-splénique (oh, la vilaine bête !), Daho boiteux par intermittence, et moi, malade à temps partiel… L’angoisse…

Bref, une semaine avant le concours, essayage de costume, check-up pour Daho… et bonne surprise : tout va ! Juste deux-trois détails à terminer, mais sinon, victoire : je suis prête ! Coup de fil à Catherine : elle peaufine ses boutonnières… et est également prête.

Prudente, j’ai pris congé jeudi, afin de revoir les détails, de préparer le transport, d’attendre le vétérinaire pour la visite d’exportation, et je n’ai pas trop de la journée pour tout boucler. Catherine débarque en fin d’après-midi, et j’admire sa sagesse (toute relative) en matière de bagagerie : il y a eu de l’écrêmage !



Vendredi matin : en route, à 7.00 tapantes, pour la grande aventure : Mons – Valenciennes – Amiens – Rouen – Le Mans – La Flèche… La route se fait sans aucune anicroche : Daho, qui a embarqué comme une fleur, ne bouge pas d’un iota. Un vrai plaisir à conduire. Dix heures plus tard, nous voici au Lion… Commence alors la joie des formalités d’accueil. O surprise, je suis bien inscrite à l’épreuve historique, et j’ai même mon numéro… Là où ça devient comique, c’est que je n’ai pas de box ! Je m’emploie donc a faire un sitting du bureau d’accueil devant une organisatrice pas trop ravie pour obtenir un logement décent pour mon cheval, parti se dégourdir les sabots dans le parc.

Trois quart d’heure de patience sont nécessaires pour qu’enfin, on daigne me désigner mon box, avec force soupirs et après quelques malentendus, non sans m’avoir fait miroiter le prix d’un forfait supplémentaire, après 3 courriers de confirmation, non reçus paraît-il… Ravie suis-je ! Quant j’ose hasarder que j’avais demandé un box en copeaux, la mine s’allonge tellement que je capitule ! Je suis plus encore ravie quand le directeur du haras vient nous annoncer qu’il ferme toutes les barrières d’accès aux écuries. Pas moyen d’approcher la voiture du box : il va falloir tout porter : au moins une tonne de matériel, et 2x/jour… Chic ! Entretemps, on découvre notre gîte (charmant !), on revient aux écuries pour le « pot de Anne » (Ah, les chocolats belges !), je soigne Daho, légèrement déshydraté mais absolument pas perturbé et qui mange de bon appétit, et retour au gîte pour une nuit réparatrice.


Samedi matin, dès 7.00, je suis sur le pied de guerre ! Je veux soigner mon cheval vers 8.00. Je prépare donc le petit déjeuner pour les filles, et pars aux écuries, pour trouver un Daho en pleine forme, que je nourris avec empressement. Ensuite, balade dans le parc ! Là, j’ai l’impression de tenir au bout de ma longe un fringuant étalon, qui roule des mécaniques et hennit à qui mieux mieux : sportive, la balade ! Ces demoiselles viennent me rejoindre, et

Audrey se propose à sortir mon fauve pour un canter au but de lâcher un peu la pression. Après une bonne heure, la voici de retour, avec un Daho toujours guilleret. Bilan du canter : 1-0 pour Daho ! Il est en pleine forme et prêt pour un second tour alors que sa cavalière est crevée…

On en profite pour faire une photo de groupe, les participantes du forum étant toutes réunies à l’heure de l’apéro.

L’organisation du Lion étant ce qu’elle est, au milieu des bénévoles toujours disponibles et aimables (merci Anne et Isabelle), il y a… les autres ! Ainsi Catherine s’est-elle fait apostropher par une espèce de bouledogue agressif en allant chercher du matériel à ma voiture, la priant de « prévenir ses parents de bouger cette jeep, et vite ! ». Notons quand même que je suis sur le parking camions prévu à cet effet, et que ma voiture déborde visiblement de matériel… Le bouledogue, toujours aussi avenant, a pris brutalement Audrey à parti pendant sa balade, lui mimant puis lui jetant au visage qu’elle ne portait pas de coiffure conforme, à savoir une bombe de sécurité…On frôle la dictature! Nous passons donc notre temps à éviter de croiser ce personnage pour le moins antipathique, et allons manger un petit bout.


Préparation et épreuve d’élégance

L’après-midi se passe à toiletter Idaho, qui n’en demandait pas tant… Catherine va s’habiller, et revient, élégante à ravir… moins un petit détail ! Son corsage manque un peu de relief, on va dire…Problème qui sera rapidement résolu par du bourrage de papier toilette, et dont l’ajustement et la bonne tenue nous vaudront un fou-rire d’anthologie, surtout après un coup d’œil assez ébahi du mari de Heidi !

Et voici Catherine en piste, sur un remuant Daho. Elle y fait un passage remarqué, tant par son maintien que par l’élégance de sa tenue. Et tandis qu’elle et son groupe sortent de piste, j’entends un petit cri de détresse caractéristique : « Pascaliiiiiiiine !!!!!!!!!!!! »… L’explication tient en peu de mots : 2 des chevaux du groupe de Catherine participaient à une autre épreuve et sont sortis de la carrière, suivis par le 3ème cheval, direction les écuries, au grand trot !

Idaho, se retrouvant d’un coup « tout-seul-abandonné-maman-au-secours », a gratifié sa cavalière d’un départ quelque peu bondissant, et assaisonné de quelques terres à terres… Si je vous dis que sur le séjour, on m’a demandé 5x s’il était étalon, vous comprendrez l’ardeur qu’y a mise mon cher papy-cheval ! Bref, c’est à pied (J’veux descendre !!!) et avec Audrey et moi tenant son destrier par la bride que Cath est revenue aux écuries. Le temps de changer de bride, et retour en piste, pour la présentation de Anne cette fois.

L’habitude du caractère impétueux des poneys a certainement aidé notre bretonne à s’en sortir avec les honneurs sur mon doré : elle a enchaîné pas de côtés et transitions d’allures, avec un sourire de plus en plus large, au point d’oublier de sortir de piste ! Son retour aux écuries fut plus discret, et Daho a réintégré son box en grand seigneur : royal ! Le résultat dans notre groupe : Catherine fut classée 5ème, et Anne… dernière !


Ne revenons pas sur ce jugement qui couronna Laurence Favre d’Echallens, tout de fuschia vêtue : « l’Elégance Française » reste décidément pour la nordique que je suis un mystère non résolu, au moins au même titre que l’impartialité des juges, ou que les entourloupes au règlement.


Enchaînons avec la soirée qui suivit, et qui ne fut point dépourvue d’intérêt… La première chose qu’on puisse en dire, c’est qu’elle subit de plein fouet la tendance générale à l’économie : non seulement le prix ne diminue pas d’année en année, mais cette fois, le rationnement était de mise : nous étions servies par de sympathiques serveurs…à la main très légère! La seconde chose, c’est que la sono fut… pour le moins inattendue ! A suivre le fil des événements, ce fut Greg, le copain d’Emilie qui se chargea de la brancher, puis qui reçut l’honneur (en est-ce un ?) de l’animer. Ce qui fut salué par la fuite pour le moins précipitée d’Emilie, qui, elle, savait ce qui nous attendait !!! La programmation oscilla dès lors entre la Compagnie Créole et quelques tubes éculés : bonjour l’ambiance !

La troisième fut une invitation à danser pour le moins impérative par… le sieur Bouledogue en personne, passablement imbibé. Laquelle invitation fut déclinée sous de fallacieux prétextes et où nous apprîmes, stupéfaites, que la tablée complète était composée de… belges, munis d’un abonnement permanent aux piscines, et dépourvues du moindre sens de l’humour ! La naturalisation, c’est fou, quand même ! Cette nouvelle surprenante fut assez vite suivie d’un strip-tease absolument désopilant de Sirène, qui pourtant n’avait point abusé de caféine… Strip-tease qui a donné des idées à Anne Guerrier, décidément increvable, et qui tentait à prouver que la génétique n’est pas si hasardeuse : elle imitait sa fille ! Cette mémorable soirée se termina gaiement par un retour au gîte avec Catherine au volant (qui avait pris goût à la conduite de ma jeep en terrain varié !).


Dimanche matin : toujours aussi pressée de retrouver mon cheval, je laissais une fois de plus mes amies devant le petit déjeuner pour arriver au plus tôt aux écuries. Daho m’attendait, beaucoup plus tranquille que la veille, et plein d’appétit. Balade digestive à pied avec moi ; petite conversation tonitruante avec le souffleur du haras (répondant au patronyme de Godillot) et de nouveau, c’est Audrey qui se charge du canter de décompression du matin. Qui se passe beaucoup plus calmement que la veille.

A midi, alors que nous dégustons une portion de frites (atavisme, quand tu nous tient !), il commence à pleuvoir. Des hallebardes. Pas un nuage, pas un souffle de vent, une pluie drue et verticale. Je suis plus que sceptique quand à la l’évolution climatique : on ne berne pas une belge bon teint en climat pluvieux ! Et j’ai raison. Quand arrive l’heure de préparer mon cheval et mon costume, il pleut toujours aussi fort. Je m’en vais donc déclarer forfait à l’accueil : paradoxe d’avoir fait 1500 km avec mon cheval pour ça… Bah ! Ce n’est que partie remise, et finalement, ce n’est pas moi la plus déçue… ce qui me fait sourire ! Je n’ai vraiment pas l’esprit de compétition…

Vers 16.00 a lieu le cross : chapeau bas, mesdames, qui vous aventurez après le déluge sur un terrain en sous-bois, lourd mais pas trop glissant heureusement.



J’émettrai juste quelques réserves sur l’état sanitaire d’au moins un cheval ayant participé au cross : irrégulier des postérieurs, et au galop laborieux, nous apprîmes selon les dires de sa cavalière qu’il « était fatigué », alors que nous l’avions déjà vu boiteux la veille en épreuve de dressage…



Je suis bien placée pour savoir que déclarer forfait en épreuve alors qu’on a fait un grand déplacement pour un événement unique, c’est un crève-cœur, mais pas au prix de la santé d’un cheval… Je suis également bien placée pour savoir qu’en épreuve, il faut vraiment qu’un cheval soit « sur 3 jambes » pour se faire sortir. C’est ainsi, et éminemment discutable… Et tel n’est pas mon propos du jour. Ensuite, pour moi, ce sera une petite sortie en solitaire, à cru et dans le parc, avec mon adoré-doré, histoire de faire le plein de souvenirs et de goûter une dernière fois au luxe d’un séjour en haras national… J’aime ! Daho, lui, tant qu’il a de l’herbe sous les pieds, il est content…

Le week-end se terminera joyeusement autour d’un assortiment de pizzas, à notre gîte ! Quelle excellente soirée, avec ces dames et demoiselles du forum (il y eu des rescapés mâles, tout de même, et bienvenus : Greg et Paul) : fous-rires et anecdotes au rendez-vous. On parle déjà de l’année prochaine.



Lundi, nous partons tôt, Catherine et moi : nous savons que nous en avons pour 10 heures de route, et que le retour par Paris (chic !) est obligatoire. Notre tranquille route par Rouen est promise aux embouteillages de retour des 24 heures du Mans… Et tout se passe au mieux : nous regagnons nos pénates vers 18.30, sans anicroche aucune, et avec un Daho qui a encore mieux voyagé qu’à l’aller, qui frétille comme un gardon en arrivant à la maison… et qui s’en va bien vite rejoindre ses copains de pâture !
Ainsi se termine pour nous l’édition 2007 du Lion, que bien sûr nous nous promettons de refaire l’an prochain ! Et cette fois, gageons que la douceur du climat angevin nous fera honneur.


Pascaline Martin, juin 2007